C’est quoi l’équilibre vie pro/perso ? Comment mathématiquement cela peut-il se mettre en place étant donné que sur une semaine de 7 jours, on en passe déjà 5 au travail et sur une journée de 24h, 1/3 minimum au travail…
Ah nan je vais pas parler chiffres, tu me connais ! Mais quand même, ça fait réfléchir ?
Comprendre la valeur travail
Le travail est une valeur très importante dans notre société. Il suffit d’observer comment elle impacte nos relations humaines. Lors d’une 1ère rencontre, l’une des 1ère questions posées après le prénom est « Et toi, tu fais quoi dans la vie ? »…ce qui permet ensuite d’étiqueter la personne jusqu’à la fin de la conversation.
Oh elle est psy, elle est bienveillante. Oh elle est humanitaire, c’est une aventurière. Oh elle est scénariste, elle est est créatrice. Oh elle est cuisinière, elle est gourmande…Ou l’inverse, elle a de l’embonpoint pour une naturopathe, elle doit pas être très bonne dans son métier. Elle est prof de piano, elle a raté sa carrière de musicienne…
Oui le travail est une valeur importante et est un 1er espace de jugement, soit d’utilisations de nos croyances transmises par nos familles. Tu travailleras dans la fonction publique pour la sécurité de l’emploi ; tu feras des études de commerce ou management pour être cadre et gagner plus d’argent…
Sans parler des transmissions transgénérationnelles, nous sommes médecins/agriculteurs•trices de génération en génération ou c’est toi qui reprendra l’entreprise familiale. Mais sans reprendre le patrimoine familial, il y a aussi les familles d’universitaires, de chercheurs de famille, de comédiens•nes, de scénaristes…
Ainsi s’identifier à travers son travail en dit déjà long tant la place de la valeur travail dans ta vie que sur les autres valeurs associées et les injonctions familiales, mais aussi sur ton identité et ce que tu es.
Comprendre l’impact des codes du travail et croyances familiales dans notre rapport au travail
Quelque fois, il se joue un conflit dans la famille, lors des choix professionnels :
- un rejet du choix professionnel par les parents « tu rêves, jamais tu n’y arriveras », « on ne peut pas gagner sa vie avec ce métier »
- une volonté de faire mieux que ses parents considérés comme défaillants « je réussirai mieux que toi »
- une imposition de faire mieux que ses parents « on a tout sacrifié pour toi, tu dois réussir »
C’est ici que le bât blesse, car en cet instant précis, nous balayons nos rêves les plus profonds. Nos rêves les plus profonds de ce que nous voulons réellement être, notre essence, notre vérité. Attention, ici je ne parle pas des rêves et de tout ce que je veux avoir. Je t’invite à plonger, à te questionner sur ce que tu veux être profondément si tu n’avais pas de masques à porter en société, si tu n’avais pas à faire plaisir aux autres, qui serais-tu ?
J’irais même plus loin. Si tu n’avais pas à réparer les échecs de tes parents ou leurs rêves non accomplis, qui serais-tu ?
Dans nos choix professionnels, inconsciemment se joue la redevabilité ou loyauté familiale. Inconsciemment, nous pensons que prendre notre place passe par une validation et une reconnaissance clanique (familles, amis…). Cette quête de reconnaissance inconsciente nous amène à nous adapter sans cesse aux autres, par peur du rejet, par peur de finir seul•e…C’est ce que Jung appelle la persona, tous ces masques que nous portons sans cesse au travail et en société, qui nous permet certes de rester en lien avec les autres mais qui si la persona est sur-utilisée nous perd dans ce que nous voulons être ou ce que nous sommes réellement.
C’est pour cela qu’il nous est difficile de dire non, de poser nos limites au travail…
C’est pour cela que nous accumulons sans cesse les dossiers et tâches…
Nous renions nos limites et ce que nous sommes pour faire plaisir (avoir de la reconnaissance pour atteindre cette promotion) alors que dans le fond, notre besoin n’est pas là !
De la pyramide des besoins de Maslow et de nos parts d’ombre de Jung
Maslow dans sa pyramide des besoins (clique ici )le dit très bien, pour avoir une belle estime de soi, nous passons par la réalisation successive de 5 grandes familles de besoins. Le dernier pilier, accomplissement de soi, sous-tend être aligné•e et avoir du sens, soit faire vibrer au quotidien ses valeurs de société, incarner ce que je suis et ce en quoi je crois profondément.
Ce en quoi je crois profondément se cache très souvent derrière nos parts d’ombre. Nos parts d’ombre, selon Jung, sont tout ce que j’ai enfouis au plus profond de moi, inconsciemment lorsque j’étais enfant (jusque 6/8 ans car les croyances et schémas s’installent durant notre enfance), par peur de ne plus être aimé ou reconnu par ma famille. Il y aussi tes talents profonds ! Ce sont ces talents qui ressortent lors de tes crises existentielles ou le temps des reconversions professionnelles…
Ces 2 mécanismes psyché sont essentiels pour moi car c’est pour moi la quintessence de notre quête perpétuelle de sens.
Aujourd’hui, je crois qu’il n’est plus tant question de cloisonner le milieu pro et perso. Je suis et je rayonne ce que je suis. Il est temps de se questionner du poids des masques dans le milieu professionnel. Il est temps de se questionner sur la souffrance que je porte au fond de moi à force de porter ces masques vaut le coup. Il est temps de questionner ces systèmes de management basés sur le contrôle ou l’abus de pouvoir, la violence..Il est temps de questionner tous ces mots stigmatisants et encourageants les divisions sociales et identitaires.
L’équilibre pro/perso risque de rester une utopie tant que nous ne questionnons pas le système travail et ses valeurs patriarcales. Chacun•e a le droit d’être ici, à sa juste place et d’incarner ses talents.
