Pendant longtemps, j’ai eu du mal avec le mot sororité. Je n’arrivai pas à en comprendre le sens et les contours. Je ne voyais qu’en surface ce que certaines sur les réseaux sociaux clament comme sororité : des femmes en robe blanche qui se réunissent et qui sourient et qui sont tellement élevées ou dans l’énergie qu’elles se coupent du monde parce qu’elles sont au dessus de tout ça.
Sourire, comment peut-on sourire face à ce qui se passe dans le monde ? D’ailleurs n’est-ce pas une des injonctions pour nous les femmes ? Sois belle et tais-toi ; contente-toi de sourire. Les postes à responsabilités et décisionnels, la politique ; non ce n’est pas pour toi, c’est pour nous les hommes. Contente-toi de sourire et reste bien à ta place à la maison ou dans les archétypes de la femme mère ou dans le care mais surtout souris et ne dis rien. Ne t’intéresse pas à autre chose…Comment peut-on se couper du monde qui nous entoure avec toutes les violences et injustices subies par toutes les autres femmes ?

Nous unir pour nous soutenir
Et puis j’ai plongé dans les écrits eco-feministes et découvert des espaces entre femmes engagées et ma vision de la sororité a petit à petit changé. Non la sororité est loin d’être perchée. Bien au contraire. Ce sont des espaces profonds de soutien où à travers notre présence et notre parole nous réapprenons ensemble à nous soutenir et ne plus nous juger.
C’est pour cela qu’à mon tour j’ai eu envie d’ouvrir et d’animer ces espaces. Je me suis rendue compte à quel point ne plus avoir peur de parler de ce qu’on traverse, se sentir comprise, ne plus se sentir seule amenait tellement de réconfort.
L’une des lois du capitaliste est de diviser pour mieux régner. De tout temps, l’avancée de nos droits a été permise parce qu’hommes et femmes nous nous sommes unis•es pour nous soutenir mais aussi défendre nos droits.
Nous unir pour dénoncer
Car malheureusement, comme le montre les nombreux témoignages et les affaires en cours, nous sommes nombreuses à avoir souffert d’abus, de violences, d’agressions liés à notre statut de femmes.
Se réunir entre femmes où la parole n’est pas remise en question mais aussi où d’autres femmes pleurent, accueillent sans juger, témoignent c’est vivifiant. Oui vivifiant parce que prendre la parole et parler de soi donne du courage.
Se rendre compte à plusieurs que nous ne voulons plus de ça donne le courage de nous réunir plus souvent, plus nombreuses pour requestionner les droits de notre société, les valeurs de notre société. C’est aussi des espaces où chaque femme s’autorise à se reconnecter à sa sensibilité et ses émotions…Et c’est puissant de se reconnecter à sa sensibilité et ses émotions parce que ce sont les 1er pas vers la liberté et l’autorisation d’être soi. Etre une femme émancipée ; c’est dans notre société, affirmer pleinement ce que nous sommes et avec authenticité. L’authenticité n’a pas besoin de mettre des barrières ou une carapace avec les autres.

Nous unir pour nous libérer
Quand je me reconnecte à mon authenticité, je me reconnecte aussi à ce que je veux incarner.
Est-ce que je veux incarner une femme qui joue le jeu de la société, qui prétend être contre certains rouages de la société sans pour autant les dénoncer et en les remettant en question sur son canapé ; ou est-ce que je décide d’être cette femme puissante qui prend ses responsabilités et qui transforme profondément la société ?
C’est exactement le shift que j’ai eu quand j’ai décidé de me lancer dans des ateliers, cercles de femmes et retraites. Je veux accompagner à retrouver du sens dans le collectif et la sororité ; alors à moi de montrer que c’est possible et magique. A moi d’être authentique et congruente.
La tendance est à sabrer la psychologie et le développement personnel prétextant que c’est être auto-centré de travailler sur soi. Hors comment changer le monde si je ne sais pas ce que je veux réellement ? Ferme les yeux et pose-toi la question : quelles sont tes valeurs ? que veux-tu transmettre à tes enfants ? Pas facile de répondre à ces questions parce que nous n’avons jamais été invités•es à le faire…
C’est aussi ce que j’aime à travers les cercles de femmes ou les retraites que je facilite. C’est voir l’évolution, l’avant/après, l’engagement envers que les femmes retrouvent parce qu’ensemble et pour elles, nous avons questionné ce que nous voulons pour nous pour être en paix, en confiance et en sérénité et nous reprenons notre place dans la société libérée des injonctions sociétales et transgénérationnelles.